LEXIQUE

Aaron : Personnage biblique, frère de Moïse et premier grand prêtre d'Israël
Nombres 17-6
"Moïse parla aux enfants d'Israël; et tous leurs princes lui donnèrent une verge, chaque prince une verge, selon les maisons de leurs pères, soit douze verges; la verge d'Aaron était au milieu des leurs."
Voir aussi : http://www.voltaire-integral.com/20/verge.htm

Abbé : Religieux qui dirige un monastère, il a le rang d'évêque dans le clergé régulier.

Abside : chapelle semi-circulaire fermant le chœur d'une église.

Arcatures : suite de petites arcades réelles ou simulées dans une construction. Les arcades sont dites aveugles quand elles ne sont pas munies de fenêtres.

Arc-en-ciel : pour la Bible (Genèse IX, 11) l'arc-en-ciel est le signe de Dieu indiquant que le déluge est terminé. Selon la parole de Dieu à Noé, il est aussi le signe de l'Alliance de la grâce universelle de patience et de bienveillance du Seigneur-Créateur avec toute l'humanité (Genèse IX : 8 et 5).

Adoptianisme : Hérésie soutenant que le Christ ne serait que le fils adoptif du Père. Né en Espagne au VIIIème siècle, l'adoptianisme fut combattu par Alcuin et Théodulf puis condamné par le concile de Francfort en 794.

l'Arche d'Alliance : Coffre en bois d'acacia qui contenait les Tables de la Loi (les dix commandements) données à Moïse par Yahvé au Mont Sinaï. 
Un dessin du premier restaurateur, M-T. Chrétien (1846) montre qu'à l'origine l'Arche de Germigny était décorée de carrés fleuris (et non pas dorée comme aujourd'hui) et était ouverte. Ce sujet est décrit dans un passage des "Libri carolini" dont Théodulf est l'auteur.

Arianisme (Ariens) : Arius, prêtre d'Alexandrie vers 320, enseignait une doctrine fondée sur la négation de la divinité du fils (Jésus) et donc de la trinité. Le concile de Nicée en 325 condamna l'arianisme, le concile de Constantinople en 381 réaffirma cette condamnation, mais l'hérésie subsista longtemps chez les Goths.

Basilique : Édifice civil à trois nefs chez les Romains et qui servait de tribunal ou de lieu de réunion. Elles furent utilisées par les Chrétiens comme premières églises. Voir le plan.

Capitulaire : Ordonnance (règlement écrit composé de plusieurs articles) émanant des souverains carolingiens.

Cerf : le cerf représente l'âme d'après le psaume XLII de David "comme une biche se penche sur des cours d'eau, ainsi mon âme penche vers toi, mon Dieu". De plus, le cerf passe pour chasser le serpent, symbole du diable, en le piétinant. Le cerf se protège du venin du serpent en buvant de l'eau vive de source (le chrétien se protège du péché en puisant dans la sainte écriture).

Clergé séculier : clerc (prêtre, curé, évêque) qui vit dans le "siècle", c'est-à-dire au contact des laïcs ( laïc : toute personne baptisée qui n'est pas clerc)
Clergé régulier :
religieux (moines, abbés) qui vivent dans un monastère ou une abbaye en suivant une règle (ex: la règle de St Benoît).

PAPE
Cardinaux

Abbés
Moines
Clergé régulier

Évêques
Curés
Clergé séculier

Concile : réunion d'évêques.

Corbie : Abbaye bénédictine (près d'Amiens) fondée en 657 par Sainte Bathilde, elle joua un rôle important sous Charlemagne (rôle politique et invention de l'écriture caroline).

Couronne : pour les chrétiens, la couronne désigne la majesté (du seigneur) mais elle souligne aussi le caractère supérieur de certains êtres tels que Marie (le couronnement de la vierge) qui apparaît avec une couronne de douze étoiles ou de douze pierres précieuses, ou les martyrs qui portent souvent la couronne dans les mains

Cul-de-four : voûte en quart de sphère d'une niche ou demi-coupole

Chrisme : le chrisme ou monogramme du Christ est depuis Constantin le symbole du christianisme : les lettres grecques I (iota) et X (chi) entrelacées sont les deux premières lettres de Jésus (Iesus) Christ. Elles sont généralement entourées d'un cercle ou d'un triple cercle (allusion à la trinité) ou encore de la couronne de la victoire. Le I de Iesus est souvent remplacé par la lettre grecque P (rho), la signification est alors les deux premières lettres du mot "CHRist", elles sont parfois combinées avec les lettres alpha et oméga (1ère et dernière lettres de l'alphabet grec) qui signifient : "Je suis l'alpha et l'oméga,)", c'est-à-dire, "le commencement et la fin". Ce signe, reproduit sur le labarum (drapeau de guerre) de Constantin, lui aurait permis de gagner la victoire sur Maxence en 312. 

Entrelacs : éléments de décoration qui s'entrecroisent.

Etoiles : l'étoile est un symbole divin, elle appartient au royaume des cieux, au royaume de Dieu, au firmament qu'elle décore. La multitude des étoiles symbolise aussi l'innombrable descendance d'Abraham. L'étoile indique un phénomène céleste, divin, celle de Bethléem guide les rois Mages d'orient vers la crèche, on la représente le plus souvent avec huit branches.

Filioque : (du latin : "fils"), querelle religieuse entre les Latins et les Orientaux. Symbole que l'Église catholique a adopté  à Nicée  au VIIIème siècle par l'Espagne wisigothique. "le Saint-Esprit procède du père et du fils". La cour franque l'adopta à la fin du VIIIème siècle mais les Grecs le déclarèrent hérétique. Charlemagne essaya d'imposer le filioque à toute la chrétienté.

Gentil : Non-juif chez les Hébreux. Païen chez les premiers chrétiens.

Galgala (ou Gilgal) : montagne de Palestine (aujourd'hui : Djeldjulieh) entre le Jourdain et Jéricho. Premier sanctuaire des Israélites après l'entrée à Canaan (Josué, IV, 20).

Hiératique : (du grec "hieros" : sacré), qui concerne les choses sacrées, qui a les formes d'une tradition liturgique (religieuse). Une attitude hiératique : rigide, figée dans sa majesté.

Iconoclasme : (ou la querelle des images saintes). L'Empire byzantin se divise aux VIIIème et IXème siècles entre partisans et adversaires des images saintes : le peuple, les femmes, les impératrices (Irène et Théodora), entraînés par les moines, sont pour les images saintes (pour la représentation figurée du Christ, de la Vierge, des Saints), alors que les gens éclairés, les empereurs, l'épiscopat byzantin, l'armée, les rudes populations d'Asie Mineure sont iconoclastes (contre les images jugées idolâtres). Le péril politique, économique et social représenté par les moines, cet État dans l'État, explique l'hostilité des empereurs au culte des images. La querelle se termine par le triomphe des moines et des images (843). Les théologiens de Charlemagne ont une position mitigée, les images ne sont pas interdites mais il ne faut pas les vénérer et le symbole de la croix est maintenu. Théodulf est totalement contre le culte des images (attitude aniconique ou iconophobe) mais leur présence à Aix-la-Chapelle montre que l'accord n'était pas unanime dans l'Empire carolingien.

Imposte : pierre en saillie située à la partie haute du pied-droit d'une arcade et sur laquelle prend appui la retombée de l'arc.

Indulgence : grâce que fait l'Église en remettant partiellement ou totalement la peine des péchés contre des services rendus ou contre de l'argent (pour accéder plus facilement au paradis).

Layée : pierre dressée à la laye, petite hache dont le tranchant est dentelé (les coupes de laye forment des stries sur la pierre).

Litanies : (du grec "litania" pières), séries d'acclamations ou de supplications liturgiques adressées à Dieu ou aux Saints en certaines circonstances.

Louis le Pieux (ou le Débonnaire) 778-840 : Raban Maur, élève d'Alcuin et évêque de Fulda, puis archevêque de Mayence, dédia à Louis le Pieux un exemplaire de ses poèmes "De laudibus sanctae crucis". Louis le Pieux y est représenté sous les traits de Constantin, le modèle des empereurs chrétiens.

Manne : nourriture miraculeuse qui, d'après la Bible, tomba du ciel pour nourrir les Hébreux dans le désert.

Miniature : de "minium" rouge : lettre rouge tracée au minium pour orner le commencement des chapitres des manuscrits. Par extension : lettre ornementale de diverses couleurs.
Ce mot prend aussi le sens de : petites peintures fines qui illustrent les manuscrits (ici, synonyme d'enluminure)

Missus dominicus ( pluriel : missi dominici), signifie en latin "envoyé du maître". Inspecteur envoyé par Charlemagne dans tous les comtés de l'Empire pour contrôler le travail des comtes en enquêtant auprès de la population.

Néophyte : (littéralement "nouveau rejeton") personne nouvellement convertie au christianisme.

Oratoire : Du latin "orare", prier, lieu destiné à la prière, petite chapelle.

Paon : le paon peut représenter plusieurs symboles. Pour les premiers chrétiens, il est considéré de façon bienveillante car sa chair passait pour être imputrescible comme le corps du christ au tombeau. La chute et la repousse de ses plumes au printemps était interprétée comme symbole de renouveau et de résurrection. Il faut donc voir le paon sur les mosaïques comme symbole d'immortalité.
Selon une croyance populaire, le sang du paon passait aussi pour écarter les démons. Le paon a été souvent représenté sur les images de la Nativité. Deux paons buvant à une coupe indiquent la renaissance spirituelle et les ailes des anges sont souvent en plumes de paon.
Plus tard, les Chrétiens verront dans le paon un symbole d'orgueil et de vanité.

Pallium : Ornement sacerdotal (religieux), constitué par une bande de laine blanche brodée de croix noires, qui se porte autour du cou comme un collier, l'une des extrémités pendant sur la poitrine, l'autre sur le dos. Le pape porte de droit le pallium, il peut accorder cet insigne aux archevêques et parfois à de simples évêques.

Palmier : le palmier est un arbre sacré pour les Chrétiens, on offrit des branches de palmiers à l'entrée du Christ à Jérusalem, le dimanche des Rameaux rappelle cet épisode. La palme est le signe de victoire pour les martyrs, la palme verte est symbole de paradis. En raison de la minceur de son tronc, de sa droiture et de la couronne luxuriante de son feuillage, le palmier est associé aux idées de victoire, d'ascension et de renaissance.

Patristique : partie de la théologie qui étudie la doctrine des Pères de l'Eglise.

Presbytarium ou presbytère : (du grec "presbyterium" : prêtre). Partie du sanctuaire réservée au clergé dans les anciennes basiliques, c'est l'espace entre la clôture du Chœur et l'autel.

Relique : fragment du corps ou objet ayant appartenu à un saint. Les fidèles les vénèrent car ils croient qu'en priant sur ses reliques, le saint peut intervenir en leur faveur auprès de Dieu (pour accéder au paradis).

Rinceaux : ornement en forme de branche recourbée.

Septimanie : (ou Gothie), elle tient son nom des sept villes principales qui s'y trouvaient. Région de la Gaule méridionale entre le Rhône, les Pyrénées et le Massif Central occupée par les Wisigoths. Prise par les Arabes en 719, elle fut conquise par Pépin le Bref en 759. Elle fut réunie à la France en 1229.

Sept sceaux : l'Apocalypse de St Jean, que seuls peuvent comprendre ceux qui ont reçu l'illumination nécessaire, est appelé "le livre des sept sceaux".

Stuc : Enduit qui, poli, imite le marbre. Le stuc est une sorte de mortier obtenu par le mélange d'un tiers de poussière de marbre ou de plâtre (qui remplace le sable) et de deux tiers de chaux blanche (ou de colle forte). Le liant obtenu permet d'imiter le marbre pour la dureté obtenue et son poli. Il a l'avantage d'offrir d'incomparables facilités de travail, il peut être modelé, moulé, ciselé, taillé, il peut s'adapter à toutes les formes architecturales : murs, encadrements, voûtes; mais, comme il supporte mal l'humidité il ne peut être utilisé à l'extérieur.

Scriptorium : (du latin scribere "écrire") atelier du monastère, en général bien éclairé et chauffé, où les moines recopient les manuscrits.

Transfiguration du Christ : Etat glorieux dans lequel Jésus Christ, accompagné de Moïse et d'Elie, apparut à trois de ses disciples (Pierre, Jean et Jacques) sur le mont Thabor. Voir la mosaïque.

Théologien : (du grec "theos", dieu et "logos", discours), Celui qui étudie la religion.

Velin : Peau de veau mort-né, plus fine que le parchemin ordinaire.

Villa : mot latin signifiant "ferme rurale". Centre d'exploitation important sous les Romains et les Carolingiens.
Description la plus ancienne (IXème siècle) de la villa et de l'oratoire de Germigny-des-Prés :
“Cette villa avait été, pour la plus grande partie, soit donnée, soit vendue aux abbés qui avaient précédé Théodulf par des fidèles qui la possédaient par héritage. Dans cette villa, Théodulf, évêque et abbé, éleva une église d’une construction si magnifique que nul édifice, avant l’incendie qui la consuma, ne pouvait lui être égalé dans toute la Neustrie. Non content de faire reposer toute cette basilique sur de grandes arcades il embellit l’intérieur d’un décor floral en stuc ainsi que de mosaïques et la dota d’un pavement en plaques de marbre, si bien que les yeux des spectateurs ne se lassaient pas de la contempler. De plus, sur la charpente de la tour où les cloches étaient suspendues, il fit placer ces vers en lettres couleur d’argent :
Ce temple, je l’ai consacré en l’honneur de Dieu, moi, Théodulf
Toi qui y pénètres, qui que tu sois, je t’en prie, aie une pensée pour moi.
Il rivalisait en cela avec Charlemagne qui, en ce temps-là dans le palais d’Aix, avait construit une église d’une telle splendeur qu’elle n’avait pas sa pareille dans toute la Gaule”.

L'entrée à Orléans de Louis le Pieux (par le poète Ermold le Noir)
“La troisième journée se levait dans le ciel et la blonde chevelure de Phébus luisait sur le monde, quand de toutes les parties du royaume franc la foule se précipite et le peuple tout entier se porte avec enthousiasme à la rencontre du roi, princes sujets de Charles et grands du royaume, toute la troupe dévouée du clergé. Les routes se couvrent de monde, les demeures s’emplissent les maisons ne suffisent pas, on monte sur les toits. Rien ne ralentit l’élan de la multitude, ni les fleuves, ni l’obstacle des forêts, ni les glaces de l’hiver, ni la pluie. Celui qui n’a pas de bateau passe la Loire à la nage pour tâcher d’arriver le premier. Combien de gens auriez-vous vus d’une hauteur, qui, faute d’embarcation, se jetaient à l’eau Les Orléanais s’amusaient à les voir nager, leur criant de leur tour “Au rivage, les braves !“ Tous n’avaient qu’une passion, qu’un désir parvenir à voir le visage du roi. Ils le joignent enfin et le pieux roi les accueille tous, chacun selon son rang, avec bonté.
L’empereur, en grande pompe, entre bientôt dans la ville d’Orléans, sont la sainte Croix et le corps d’Aignan, où brillent dans leur gloire le bienheureux Euverte, qui bâtit la cathédrale, saint Mesmin et saint Avit. De là ils gagnent rapidement Paris...”
(In honorem Hludowici... elegiacum carmen, v. 770-794, trad. E. Faral)

Harangue de Théodulf envers Louis le Pieux (extrait des vingt strophes)
“Voici le César pieux et bienveillant,
Qui, par toute la terre, resplendit de tout son éclat,
Et tient avant tout sa puissance
De la faveur du Christ.
Plein de révérence, prudent, sage, modeste,
Doux et clément, mesuré dans ses actes,
Modéré, courageux, probe et honnête,
Censeur et juge
...
Qu’après des jours aussi marquants, tu te soumettes,
Toi bienheureux, à la toute puissance du Maître du Tonnerre
que tu obtiennes,
Parmi les élus, la paix que le Christ
Distribue pour la fin des temps.”
Carmina