Les corés

ATHÈNES : le musée de l'Acropole 25/64 - La période archaïque : les korés 3/8

 La koré de Lyon a la particularité d'être partagée entre la Grèce et la France et de rassembler les influences attiques et ioniennes.


La koré de l'Acropole

(674),
La koré de Lyon : une statue composite. Cette koré rassemble des éléments attiques (la structure) et ioniens (le costume et l'ornementation), c'est une œuvre de transition.

Droite, majestueuse, la carrure puissante, la jeune fille serre l'offrande d'un oiseau (colombe?) contre son buste. La rigidité plastique du modèle est tempérée par la richesse de l'ornementation ciselée et autrefois peinte. Les éléments décoratifs appartiennent au répertoire de la Grèce de l'est, les artistes étant alors fortement influencés par l'art ionien. Elle est ainsi vêtue du chiton lisse et de l'himation  plissé drapé obliquement ; le polos (la couronne), la chevelure et les boucles d'oreilles délicatement ciselées parent son gracieux visage .
Le haut de la statue est un moulage de la partie conservée à Lyon.
Vers 550-540 avant J.-C.


La koré de Lyon (partie au musée des Beaux-Arts de Lyon)

Le "métissage" stylistique de cette korè a longtemps troublé les spécialistes, qui ne savaient dire si elle était l'œuvre d'un artiste athénien ou asiatique, ni d'où elle provenait. Elle se tient dans la position frontale qui a longtemps paralysé la sculpture grecque, verticale et majestueuse. Son buste, ses épaules et ses bras ont la puissance surhumaine d'une lutteuse, caractéristique des 'korès' attiques, mais qui n'existe pas dans la sculpture ionienne. De même, la partie inférieure de son corps se compose de jambes fortes et de fesses rebondies et musclées. La solidité de la structure, et le modelé vigoureux de la korè de Lyon, réunissent les caractères techniques et stylistiques de la sculpture attique du VIe siècle.
La chevelure calamistrée à l'effet "gaufré" est représentative de la sculpture archaïque, quoique les détails de la coiffure soient du choix propre de chaque sculpteur. Elle est coiffée de trois longues tresses symétriques de part et d'autre du visage, d'une large nappe de cheveux dans le dos, ciselée en petits carrés, et l'ensemble de la chevelure est retenue par des bandelettes placées à hauteur des oreilles, ornées d'anneaux avec trois groupes de petites perles symétriques.
Le traitement du visage adoucit l'aspect massif de la statue : la bouche charnue a un léger sourire souligné par des pommettes saillantes (mais légèrement tombantes) et des yeux en gouttes d'eau tirant vers le bas. Le modelé arrondi et les traits adoucis du visage sont autant d'indices annonçant l'influence ionienne en Attique qui se renforce à la fin du VIe siècle après J.-C. -notamment parce que nombre de sculpteurs d'Asie mineure s'exilent à Athènes pour fuir la menace perse. Mais le menton saillant et fuyant, les yeux en amande, et l'expression dure et élégante de ce visage sont des marques propres au style attique, qui contredisent le ciselé arrondi à l'ionienne.
Le sculpté des détails a longtemps convaincu les historiens de la provenance asiatique de la korè : les éléments décoratifs ont l'art ionien pour référence essentielle. Elle est vêtue à la mode ionienne : elle porte le "chiton à longues manches" (tunique moulante) et légèrement incisé, comme brodé, sous "l'himation à l'ionienne" (manteau de laine agrafé sur l'épaule gauche). Le "polos" qui coiffe la tête -sorte de couronne-, est orné d'une guirlande de palmettes et de feuilles de lotus.

Détail des plis de l'himation : ventre et épaule gauche
 Cette mode vestimentaire alors inexistante en Attique aura suffi à la faire accepter comme l'une des premières korès ioniennes, avant de reconnaître dans la seconde moitié du XXè siècle que l'essentiel du style, la composition rigoureuse et transparente, et le matériau (marbre du pentélique) relèvent essentiellement du style attique. La 'korè' de Lyon incarne donc par ces paradoxes les premiers contacts entre arts attique et ionien. La restitution des parties manquantes par Payne clôt le débat, et permet de préciser sa datation. L'exécution plutôt sommaire des proportions du corps humain, par un artiste encore "timide" dans la sculpture du marbre, l'impression de robustesse un peu raide, les détails soignés, mais plutôt décoratifs que réalistes, amènent à dater cette korè des premières décennies de l'archaïsme mûr, entre 550 et 540 avant J.-C.
Texte extrait de :
http://perso.univ-lyon2.fr/~mollon/L3-LHA/fich-oeuvre_09/kore-Lyon.pdf


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